


Site consacré au Syndrome d’Alcoolisation Foetale et
à l’Ensemble des Troubles Causés par l’Alcool sur le Foetus
Les effets de l´alcool sur l´embryon et le foetus

Lorsque la mère consomme de l´alcool pendant sa grossesse, cette substance, par le biais de la circulation sanguine, franchit aisément la barrière placentaire. La concentration d´alcool dans le sang foetal est alors quasi similaire à celle du sang maternel.
L´alcool est également présent dans le liquide amniotique. De ce fait, la cavité amniotique se transforme en une sorte de « réservoir d´alcool » (Dr Dehaene, 1995) pour le foetus avec une réabsorption par ingestion et déglutition qui contribue à la longue élimination de l´alcool par ce dernier.
Malheureusement l´alcool, dont la molécule initiale est l´éthanol, n´est pas le seul toxique en cause. En effet, lors de la consommation d´alcool, l´organisme (en particulier le foie) adopte une stratégie d´élimination de l´éthanol. Il produit pour cela des substances dites « métaboliques », ayant pour objectif d´atténuer sa toxicité. Ces métabolites (dont l´acétaldéhyde) sont des substances qui, elles aussi, sont tératogènes pour le foetus, c´est-à-dire capables de provoquer des malformations sur un organisme en formation.
Les effets de l´alcool varient en fonction des différents stades de développement du foetus. Ils sont également influencés par de nombreux facteurs biologiques et environnementaux.
« La réponse d´un organisme en développement à un toxique dépend de la dose administrée, de la susceptibilité génétique de l´individu et de celle de son stade de développement. ».
J.-P. Chabrolle et al. (2005).
|
Les risques et l´étendue des dommages dépendent aussi de facteurs en lien avec la mère et les conditions de vie : son âge, sa santé (physique et mentale), l´ancienneté de sa consommation, la consommation d´autres drogues... L´environnement familial peut s´avérer peu stimulant, l´accès aux soins difficile etc.
Une consommation excessive d´alcool peut se caractériser par deux types de comportements : une consommation dite occasionnelle et une consommation chronique. Les recherches ont pu démontrer qu´une intoxication aiguë (très forte concentration d´alcool au cours d´un même épisode) s´avérait plus nocive pour le foetus qu´une intoxication chronique.
Il existe une corrélation positive entre une alcoolémie supérieure ou égale à 1,5 g/l et la survenue d´un SAF (5 verres en une occasion).

Les conséquences de l´alcoolisation prénatale dépendent en premier lieu du moment au cours de la grossesse où l´alcool est ingéré.
Les cellules de l´embryon, initialement identiques, se différencient progressivement entre la 3ième et la 8ième semaine de gestation pour se spécialiser et former les organes. Ces cellules sont très vulnérables aux effets de l´alcool ; c´est au cours de cette période que l´on constate des malformations des organes et de la « charpente » de l´enfant.
Après 3 mois, l´embryon devient foetus. Toutes les cellules constituant les organes se sont différenciées, toutes, sauf celles du cerveau qui poursuivent ce travail bien au-delà de la naissance.
Non seulement le cerveau se développe tout au long de la grossesse, mais il est de plus particulièrement vulnérable aux effets toxiques de l´alcool, il est par conséquent l´organe le plus touché.

L´alcool provoque des effets dévastateurs pour le foetus, il peut entraîner :
- une microcéphalie (réduction de la masse cérébrale),
- des malformations de certaines parties du cerveau,
- une modification de l´organisation neuronale, conséquence d´une migration anarchique des neurones,
- la mort de millions de cellules suite à une alcoolisation aiguë, ce qui empêche la formation de certaines zones cérébrales,
- des dysfonctionnements au niveau des neurotransmetteurs,
- la destruction de liaisons permettant de coordonner le fonctionnement des différentes aires du cerveau,
- un mauvais transport des acides aminés, nécessaires à la fabrication des protéines et du glucose, source d´énergie cellulaire, etc.

Comme nous pouvons le constater, l´ampleur des dommages causés par l´alcool sur le système nerveux entraînera de lourdes conséquences sur le développement fonctionnel, cérébral de l´enfant.
Nous tenons à rappeler que nous ne connaissons pas à l´heure actuelle, le seuil minimal d´alcool sans risque pendant la grossesse. Toute femme enceinte qui ingère de l´alcool expose son futur bébé à ce toxique. Ce n´est pas uniquement dans la maladie alcoolique qu´il faut voir le danger, mais bien dans le produit alcool lui-même.

Les zones cérébrales citées ci-dessous correspondent à celles qui sont le plus sensibles aux effets de l´alcool. On constate en effet que toutes les parties du cerveau ne le sont pas, certaines zones ne sembleraient pas affectées par l´alcool.
- La microcéphalie que nous avons déjà évoquée, n´affecte pas une structure précise, mais se caractérise par une diminution globale de la masse cérébrale, or la taille du cerveau semble directement corrélée au Quotient Intellectuel.
- Le corps calleux, chargé de la communication entre les hémisphères droit et gauche est extrêmement vulnérable. Cette structure peut être partiellement détruite, voire absente. C´est ce que l´on appelle l´agénésie ou hypoplasie du corps calleux. En cas de lésion(s), on pourra observer de l´hyperactivité, des difficultés au niveau des habiletés d´apprentissage verbal, des troubles de la coordination motrice.
- Le cervelet est aussi une composante très affectée par l´exposition à l´alcool. Il contrôle l´équilibre, la posture, le tonus musculaire... Lorsque le cervelet est atteint, le tonus, l´équilibre, la coordination motrice posent des difficultés au nourrisson puis à l´enfant, dans l´exécution de certaines activités comme la marche, la parole, l´alimentation etc.
- L´hippocampe, siège de l´apprentissage et de la mémorisation peut être atteint. Les lésions pourront être la cause d´irritabilité, de dépression, de difficultés d´apprentissage en lien avec des problèmes de représentation spatiale (Attention lors de l´apprentissage de l´écriture !).
- Les ganglions de la base peuvent devenir d´une taille extrêmement réduite, ce qui entraîne des conséquences néfastes sur les capacités de mémorisation. Ceci favoriserait également l´impulsivité, l´hyperactivité.
- Le lobe frontal peut être touché, provoquant une atteinte des fonctions exécutives.
- Le cortex cérébral est lui aussi d´une grande vulnérabilité, d´autant plus qu´il joue un rôle essentiel dans l´élaboration de la motricité volontaire, du langage, de la perception et du raisonnement.